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NOTES 897

pas dans Vigny, du moins dans son livre, car pour l'homme... Je regretterais que ces vers-ci ne fussent pas recueillis d'antho- logie en anthologie :

... Encore un Jour vécu pour rien ! Mon bien-aimé, ce temps précieux, notre bien Se perd dans ton absence a des choses petites.

��Seule à présent, au coin du feu je reste assise. Pieds nus et n'ayant pius sur moi que ma chemise. C'est le tardif instant, dès l'aube réclamé. Où mon cceur peut se fondre en toi, mon bien-aimé. Je t' étreins fervemment de toute ma pensée. Ton amour m'environne et me tient embrassée Et me réchauffe mieux que l'ardeur du foyer.

��Que rC es-tu la, mon tendre ami, pour me saisir. Peur respirer le souffle ardent de mon désir Et m' emportant, muette, heureuse, inanimée. Me faire sangloter et mourir d'être aimée ?

D'ailleurs ce sont des vers nostalgiques. Guérin ne chante ni la jouissance qui exalte au point qu'on se croit l'âme palpi- tante du monde, ni la possession de l'amante qui tromperait, éphémèrement mais sûrement, son pessimisme. C'est la faute du sort, dira-t-on, puisque l'amour qui emplit sa vie fut un amour contrarié, condamné au secret, rétréci par les circon- stances.

M. de Bersaucourt a déjà publié un certain nombre d'études sur divers poètes contemporains, et tous ceux qui en furent l'objet se trouvent par quelque côté ou à quelque instant sus- ceptibles d'être considérés comme poètes chrétiens. Il place évidemment Guérin parmi eux. Il dit nettement : " Guérin, catholique de cœur et de tempérament, ne pouvait être rassasié

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