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��LE THEATRE

Le Ménage de Molière de M. Maurice Donnay (Comédie Française). — Troïlus et Cressida de Shakespeare (Odéon).

On a dit des cinq actes du Ménage de Molière que c'étaient cinq à propos, et les admirateurs de la pièce ont jeté des cris indignés. D n'y avait cependant pas lieu de unt s'offusquer d'un terme qui n'implique pas forcément le dédain et qui désigne avec précision cette sorte de pièce agréable dont le principal rôle est emprunté à un grand personnage historique. La figure de Molière est trop populaire, le peu d'anecdotes et de documents que nous possédons a fait les frais de trop de commentaires, de livres et de pièces, pour qu'on y puisse aisément trouver la matière d'une libre invention dramatique. Ou bien l'auteur est forcé de définir son personnage par ces traits et ces anecdotes que nous connaissons tous et qui ne nous ménagent plus aucune surprise ; ou bien il le suppose connu, et du coup il exclut de s.i pièce le mobile central, l'âme agissante, de sorte que nous n'assistons plus qu'à une action dont le héros demeure à proprement parler absent. Le plus souvent, l'activité du spectateur consistera non pas à découvrir un per- sonnage, mais à déterminer si le portrait qu'on lui présente ressemble ou non à celui qu'il a vu par ailleurs. D n'éprouvera de joie que s'il reconnaît les traits qu'il s'était figurés ou s'il peut les parfaire sans les violenter.

En choisissant son sujet, M. Donnay s'est mis en quelque sorte sur le même pied que l'auteur d'un mystère religieux. Même servitude à l'égard de ses personnages et même gêne en face d'un sujet dont les ressorts sont d'un ordre surnaturel. Car

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