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LA LITTÉRATURE 859

mors d'une période, nul ne le surpasse dans la maîtrise de la coupe. Flaubert ne voyait rien en littérature au dessus de certaines coupes de Montesquieu et de La Bruyère. Où en eût-il trouvé une plus saisissante que celle de cette phrase, dans Leurs Figures, avec tout ce qui tient de rendu entre les deux dernières virgules ? " M. Auguste Burdeau se leva, et livide de son cœur désordonné dont il allait bientôt mourir, il flétrit, au milieu d'une immense émotion, son accusateur. " Dans le tableau de Tolède que je citais, voyez celles-ci.

" Cet entassement grandiose où l'on s'étonne de voir, mêlés aux clochers des églises et aux terrasses des monastères, tant de minarets de mosquées, l'Alcazar le domine." (Page 75.)

" Il faudrait l'âme passionnée d'un Delacroix pour saisir et fixer en une seconde la mutabilité du ciel, du terrain, des édi- fices, et puis dans son gouffre, le Tage. " (Page 78.)

C'est par les nerfs mêmes de son style, et non seulement par ceux d'un égotisme qu'il diversifie sans le masquer (ou en por- tant, comme Courier le disait de Chateaubriand, son masque à la main) que M. Barrés demeure à l'opposé de ce qui est description, déploiement, objet.

Et je m'aperçois que j'ai déjà donné quelques unes des raisons pour lesquelles il n'a rien d'un pèlerin classique.

Aussi, laisserai-je les raisons pour prendre un exemple, le plus naturel qui soit, celui du Voyage de Sparte, dont la lecture entre les lignes est curieuse. L'auteur fut déçu dans son essai de pèlerinage classique. Il en rapporta peu de ** sensations " et dut faire, pour se composer après coup une Grèce utilisable, un merveilleux effort. Il imita alors Simonide et Pindare lorsque la personne d'un athlète ne rendait pas grand'chose sous l'ode qui le chantait, et qu'ils se rabattaient sur la louange de Castor et de PoUux. Castor et Pollux, ce furent d'abord Louis Ménard et l'Arménien Tigrane, et l'on a pu goûter la justesse avec laquelle M. Barrés équilibre au seuil du voyage grec ces deux ailes de Propylées, la mémoire de l'Occident et l'espérance de

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