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842 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

prendre pour la plaine, et pour le ciel étendu sur la plaine, et pour le soleil dans le ciel, quand on est un grain de sable dérisoire. Triste poussière. Tentation donc, grande tentation de n'être ni le vent, ni le sable, ni la poussière de la poussière. Mais être humain, être curieux. Ne vivre que pour voir, comme on dit : " on verra bien " ; et pour comprendre. D'ailleurs, comprendre avec joie ce qui ne vaut pas la peine d'être compris. A une certaine hauteur, l'intelligence n'a plus besoin de croire à la réalité de ce qu'elle goûte. Il faudrait ne pas vieillir. Ha, si l'on pouvait ne pas avoir idée ni vue sur le pavillon de marbre blanc, qui borne la promenade : un peu bien froid, en vérité, un peu morne pour une abeille de volupté, un peu terre à terre pour un esprit lumineux. Mon- taigne, ce n'est pas qu'il veuille suivre la mort pas à pas, c'est qu'elle ne le lâche pas d'un pied : même au lit, même à table, même au Capitole.

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��Jeu souverain de la curiosité, et certitude créatrice, Gœthe porte aisément les deux puissances, il passe assez facilement de l'une à l'autre. La tentation de l'amateur universel n'est pas si forte qu'il n'y résiste, quelques fois.

11 semble faire une juste économie de son cœur et du poète, qu'il est de naissance, pour les

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