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CHRONIQUE DE CAERDAL 84!

les formes et les parfums. Vivre en abeille sur les pentes du Parnasse et de THymette : toute idée a son pollen ; toute sensation, sa goutte sucrée, pour le miel de cette immortelle avette. Propre à tout, et détaché de tout ; comme la lumière. Rire, quand on est jeune ; sourire, quand on l'est moins.

Enfin, se promener dans tout. La promenade, comme règne d'un roi secret, qui n'a pas besoin d'abdiquer, n'est-elle pas l'invention d'un dieu sensible et pédestre, qui voyage ? La promenade est amoureuse, ou voluptueuse pour le moins. Le promeneur au grand sourire, que je peins, ne hait même pas ce qui le rebute. Rien ne lui est plus étranger que la haine : car la haine est ce qui goûte le moins. L'absurdité de haïr est infinie. Il la faut laisser aux politiques, aux gens de tout profit, ou à ces pauvres nigauds qui font tourner le monde autour de leur nez, autour de leur clocher, comme ils disent, et qui jugent d'une si capitale importante tout ce qui les concerne, leur nom, leur village et leur nourrice, leur première dent, leur premier fiel et la première communion de leur cousine. Tous les êtres, et même ces nigauds, que sont-ils, pour tant se vanter . Que ce sable est injurieux I il ne s'estime que s'il aveugle de beaux yeux.

Dans la plaine infinie, où le vent est infini, si continue soit la puissance du sable, pour dessé- cher toutes fleurs, sa misère est plus ridicule encore. Triste poussière. La belle affaire, de se

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