Page:NRF 7.djvu/840

Cette page n’a pas encore été corrigée

S34 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Alice poussa un gros soupir. Sa mère était sortie, elle en profita.

— Ah ! tu as bien de la chance, toi ! dit-elle. Si tu savais la vie que je mène ! C'est pire qu'au couvent !

— Oh ! dit Juliette, je crois que tu exagères !

— Non ! Non !

Cependant elle déplaçait de petites boîtes en carton blanc sur lesquelles étaient collées des étiquettes bleues.

— Vous ne vous êtes pas trop pressée à ce que je vois, Juliette ! lui dit M"* Clément lorsqu'elle rentra.

— Oh ! Mademoiselle, si l'on peut dire !... Juste le temps de faire les deux chemins !...

L'Agathe et la Marie baissaient le nez sur leur ouvrage en se regardant l'une l'autre du coin de l'oeil : elles ne doutaient point que Juliette n'eût encore été faire des siennes. Et, comme on dit, cela leur donnait des idées, à ces deux gamines qui sortaient à peine de l'école des sœurs. Quant à Léontine, elle savait à quoi s'en tenir.

— Attends un peu ! dit-elle à mi-voix. Je vais raconter ça à mon frère.

— Quoi ? Qu'est-ce que tu vas lui raconter ? demanda Juliette en riant.

— Mais que tu es allée voir le Louis, tiens !

— Oh ! tu sais, moi, ça m'est bien égal ! Elle se mit à tirer l'aiguille.

C'est encore la fin d'une belle après-midi d'été. La route serpente toute blanche au-dessus des moulins. Quand passe une voiture, un nuage s'élève, se dissipe et redevient poussière. Il fait chaud. A peine si quelques cheminées fument: il faut avoir beaucoup de courage pour allumer du feu par un temps pareil. Dans les jardins des

�� �