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JULIETTE LA JOLIE 827

Elle essayait de sourire. Pourtant elle ne s'en alla point seule. M"* Nolot et M"* Gallois l'accompagnèrent, parce qu'il leur fallait rentrer pour s'occuper du dîner. M"** Gallois dit :

— Nous allons laisser ensemble les quatre amoureux.

De nouveau Marguerite essaya de sourire.

Les hommes se dirigeaient vers le café. C'est dans les cafés, dans les auberges que se répandent, surtout le dimanche, ceux qui font face à la vie le verre en main. Rentrer chez soi quand il fait beau, s'asseoir jusqu'à l'heure de la soupe sur le banc ou sur les pierres du seuil, n'est pas suffisant. Se reposer est quelque chose, se réjouir est tout. Maraloup, en rentrant du bois, soulevait le couvercle de la marmite, flairait la viande qui cuisait et s'en allait à l'auberge ; les autres du Vieux-Château trouvaient bien aussi quelques sous pour boire un verre. Si demain l'on manquait de pain, on s'en passerait. Il s'agissait d'aujourd'hui, d'abord.

Les cafés, avec leurs banquettes, leurs glaces, leurs tables de marbre, leurs billards, étaient ouverts aux bour- geois, aux commerçants, aux ouvriers aisés. On n'avait que l'embarras du choix, puisqu'ils étaient au nombre de quatre, ce qui est beaucoup pour une petite ville. Des hommes tournaient autour des billards, des messieurs distingués lisaient quelques journaux ou faisaient des parties de cartes ; la patronne se levait bien des fois de son comptoir pour servir et " recevoir la monnaie " : on n'avait jamais à donner de pourboires.

Dans les auberges on entendait beaucoup plus de bruit, des chansons, même des cris. Ceux du Vieux-Château ne se gênaient pas. Maraloup avait travaillé non seulement

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