Page:NRF 7.djvu/823

Cette page n’a pas encore été corrigée

JULIETTE LA JOLIE 817

à craindre de s'embrouiller dans les noms. Il ne connais- sait comme apéritif que l'absinthe, et ne fréquentait que le Café du Commerce, le mieux installé, avec cette devanture composée de deux grandes glaces et cette terrasse, limitée par des caisses de lauriers, qui occupait toute la largeur du trottoir. Ils ne s'installèrent pas à l'intérieur.

— Tu me croiras si tu veux, dit Cougny. Mais je ne peux plus rester seul. Il me faut une femme. Est-ce que j'oserais seulement me marier ici ! C'est pour le coup qu'on en ferait, un charivari devant ma porte avec des chaudrons et des poêles ! Non. Je vais aller à Paris.

— Tu vas aller à Paris ? dit François qui ne se gênait guère pour tutoyer Cougny. Tâche d'en ramener une jolie, au moins !

— Pour toi peut-être ?

— Eh, ma foi ! Est-ce qu'on sait jamais !... Cougny lui allongea une claque sur la cuisse.

— Et ta sœur, est-ce que tu ne vas pas bientôt la marier ?

— Ne t'occupe pas de ma sœur ! dit François. Elle n'est pas pour ton nez.

Le soleil déjà haut dans le ciel ne laissait plus une ligne d'ombre sur le trottoir. Les jardiniers et les paysannes attendaient pour partir que l'on fût descendu de l'église : au dernier moment une dame pouvait être tentée par un pied de salade, par une botte d'asperges.

Et voici que François et Cougny, qui commençaient à boire leur absinthe, virent traversant la place, la messe finie, les demoiselles, les dames et les messieurs que Juliette tout à l'heure avait regardés passer. Cougny sui-

�� �