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8o6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

dès le matin de chaque dimanche se mettent tout-à-fait sur leur trente-et-un pour aller rôder autour des jeunes filles. On en voit avec des complets de cheviote noire, des cravates claires de préférence rouges, des chapeaux melons dont le feutre n'est pas d'excellente qualité mais qui leur donnent une importance de jeunes bourgeois, et des plastrons fortement empesés. La nuit venue, lors- qu'avec leur famille ils ont mangé la soupe, ils vont boire des chopines dans les auberges, de la bière dans ces cafés où il n'y a plus guère de monde passée l'heure de l'apéritif. Ils font de l'œil aux servantes qui tâchent de ne pas être farouches. Elles savent qu'on ne les a prises que pour attirer les clients, en tout cas pour retenir les habitués, vieux ou jeunes.

M™® Gallois dans la maison allait et venait autour du repas qu'elle préparait, sans trop se presser. Le quartier peu à peu s'animait à cause des hommes qui rentraient de partout : des bois où l'on fait des fagots, des champs et des jardins où toujours il y a de l'ouvrage, des carrières où l'on fend à coups de mine des blocs de granit. Des maisons à la pompe dressée à peu près au centre du quartier c'était un va-et-vient de ménagères en camisole ou en corsage qui allaient chercher de l'eau.

Vers huit heures Gallois tranquillement rentra, sa pipe aux dents. On avait toute la nuit devant soi. Le repas dura tant qu'il put. C'était le seul de la journée où toute la famille se trouvât réunie, le seul où vraiment on ne fût point talonné par l'heure, car François travaillait tous les jours et Juliette, tout de même, de temps en temps.

Dans le quartier, dans toute la petite ville, à cette

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