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JULIETTE LA JOLIE 799

fin d'une phrase. C'étaient comme des espaces vides où ses rêves se dispersaient à grands coups d'ailes. Elle rêvait encore quand arriva son père. Il avait chaud et s'épongeait le front. Il regardait autour de lui. Elle dit :

— Maman est retournée au lavoir.

— Et toi, dit Gallois, tu ne travailles donc pas aujourd'hui ?

Elle répondit, avec une petite moue :

— - Ma foi, non. Il n'y a pas beaucoup d'ouvrage pour l'instant chez M"' Clément. Et puis j'étais un peu fatiguée.

Gallois sourit, en la menaçant du doigt :

— Ah ! Canaille de Liette ! Ce n'est pas le travail qui te tue !

Il se mettait à son aise, enlevait ses souliers gris de poussière, se trempait la tête dans la cuvette de porcelaine à fleurs bleues. Il se dépêchait, ayant hâte de se mettre à table, car, sur la cheminée, la pendule n'allait pas tarder à sonner la demie de deux heures. Juliette fut obligée de se lever pour apporter le ragoût sur la table. Il en profita pour l'embrasser sur une joue ; il la regardait comme étonné d'être le père d'une fille si jolie.

— Et François, lui, demanda-t-il, est-ce qu'il est allé travailler ?

— Tiens ! Je pense bien ! Comme d'habitude.

Elle trouvait tout naturel que son frère travaillât, et de rester elle à se reposer quand elle en avait envie. Gallois pensait bien comme elle.

Il était facteur. C'est, comme on le dit sans ironie, un métier de tout repos, à salaire fixe, dont rêvent les jour- naliers qui ne trouvent pas à gagner de l'argent tous les

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