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d'aDDIS-ABEBA a DJIBOUTI 79 1

siére des rochers qui se défont. Notre marche la soulève, elle retombe aussitôt, nul souffle ne la soutient. Avant de regrimper de l'autre côté, les bêtes s'arrêtent ; certaines, rebutées par l'escalade, biaisent et se dispersent au long des murailles que je sens tièdes quand, au passage, j'y appuie la main. Infatigables, les nagadis vont et viennent en criant, font claquer les Kourbaches en cuir d'hippo- potame. Le maître-muletier a gardé son bernous de laine. Je l'admire ! Il court nu-tête, les pieds déchaussés, ayant passé ses sandales de bois au petit esclave noir. Pour moi, tassé sur ma selle, je transpire en silence. Intolérable contact de l'étrier qui, surchauffé, finit par brûler le pied au travers des semelles. — Par d'informes degrés qui ne sont que les assises dénudées de ce sol bouleversé par les éruptions, la piste s'élève jusqu'aux premiers contre-forts du Fantalé. Dans la plaine aveuglante et vide, des mamelons commencent de se dresser au milieu des rocs épars et des broussailles. Nous les contournons, pour en trouver d'autres derrière, qui se rejoignent, se composent, préparent au massif épais qu'ils dérobent à notre vue. Ils sont d'un basalte noir comme l'ébène. Une herbe jaune y pousse en touffes espacées qui prêtent aux flancs étalés des buttes un aspect régulier et bigarré d'échiquier. Ah, torride solitude, désert fastueux des hauts- lieux : il n'est plus rien ici que de farouche et d'inhu- main !... — Le sol est fait de dalles qui affleurent ; où elles s'arrêtent, les coulées de lave commencent. Quand nous y passons, les sabots des mulets résonnent comme si nous marchions sur des voûtes. Parfois, au fond des ravines, sur les pierres plates, si unies qu'elles semblent d'une seule pièce, on distingue les sillons arrondis tracés

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