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79^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

du pied sur les panses distendues, je tremble qu'elles n'éclatent.

... La route sous les mimosas, d'abord, est aisée, unie, bordée de chaque côté de buissons d'acacias. Une brise molle de temps en temps s'élève : souffle embrasé qu'elle nous jette à la face ! Du moins les parasols épais répan- dent-ils quelque ombrage. Mais à la lisière de la forêt, je me décourage un instant devant l'aride paysage, le béant espace lumineux où il nous faut entrer. Plaine déserte et sans couleur, pierreuse, sablonneuse, coupée de plis profonds où il semble que la chaleur stagne et s'ac- cumule. Point d'arbres, rien que des broussailles et des termitières isolées au milieu des herbes roussies. Du haut d'une dune, j'aperçois une dernière fois, en me retour- nant, la rivière étincelante entre ses plages de galets et dans un coude, le vaste champ de roseaux où, ce matin, nous nous sommes exténués. Au fond, les monts du Kassam âpres, décharnés et qu'enveloppe une sorte de vapeur bleuâtre qui, déjà, les fait distants. A l'autre bout de l'horizon, cependant, le massif du Fantalé, peu à peu fait saillir devant nous les cimes basses et trapues de ses cratères, entre lesquels ce soir nous camperons. — Longue descente entre les dunes rocailleuses : parfois, le sol s'af- faisse, coupé brusquement par des failles, des ravins abrupts et profonds. Sur la pente roide, entre les blocs roux qui forment gradins, les mulets se laissent glisser, alourdis par l'eau qu'on entend clapoter dans leur ventre. Des aloès croissent en paquets, aux creux des parois ; flore de panorama, immobile, qu'on croirait de zinc peint. Une mince couche de terre grise couvre les pierres, pareille à de la cendre et qui n'est d'ailleurs que la pous-

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