d'aDDIS-ABEBA a DJIBOUTI 789
caverneux. Un peu plus loin, une femme accroupie, le torse nu tout couvert de colliers de coquillages entre quoi passent les pointes aiguës de ses seins, agite et pétrit à deux mains une petite outre de cuir, pleine de lait dont elle fait du beurre. A chacun de ses mouvements, on entend tinter les bracelets de cuivre qui dansent autour de ses poignets minces. Elle ne lève pas les yeux, tandis que je m'attarde à la considérer. La ligne de ses épaules, de ses hanches, le ton de sa peau couleur bois-de-fusil m'enchantent. Parfois, j'aperçois de haut le coin de sa bouche fine, ses paupières baissées aux longs cils. Devant tant d'attention, une abyssine, depuis longtemps m'eût fait entendre qu'elle n'y demeurait pas insensible et sans doute son homme m'aurait proposé, moyennant quelque monnaie d'en avoir mon content. Mais celle-ci est une musulmane et le boy vient à point me le rappeler. '* Pas regarder femme, me dit-il, Somalis jaloux... " Et comme je sais qu'il a raison, je retourne sur mes pa>, non sans regret...
Il est I heure 1/2. La tente est abattue et pliée, les bagages déjà rassemblés ; les mulets cependant ne reparais- sent pas. De guerre lasse, je donne l'ordre de les amener de force, avec ou sans nagadi, et entre temps tire quel- ques-uns de ces merles métalliques, dont les ivolées sans cesse jacassent au dessus de nous. Sitôt un oiseau touché, toute la bande s'empresse vers lui, agitée, inquiète, ne comprenant pas. Quelques-uns se posent à j côté du petit corps inerte, le poussent du bec, le retournent, je pourrais les abattre un à un sans qu'ils se dispersent. A i h. 3/4 enfin, les mulets s'amènent, si enflés par l'eau qu'ils ont bue qu'à voir les hommes, pour arrimer les charges, peser
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