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d'aDDIS-ABEBA a DJIBOUTI 779

ment dardé éclaircit, puis, se laissant tomber, ils repartent légers, d'un vol ondulé. Un de mes coups de feu, près du gué fait pousser des cris affreux à une femme chankalla qui puisait de l'eau et que je n'avais pas aperçue. Pour mieux courir, elle jette bas son pagne et s'enfuit, nue, à toutes jambes, les talons battant son derrière étroit.

Vers 5 heures, retour au campement installé à deux kilomètres d'ici, dans la forêt de mimosas qui se presse autour du Kassam. La chaleur, entre les replis des falaises terreuses, est étouffante. Auprès de l'eau courante et sous les ombrages du jardin arabe, je l'avais oubliée : sitôt que je gravis les dunes qui bordent le lit de la rivière, elle tombe sur moi et m'accable. — Village qui s'éparpille des deux côtés de la route ; quelques toucoules abys- sines s'élèvent parmi les paillottes nègres. Des champs de dourah entourent les zéribas. Au seuil d'une case, des hommes sont accroupis devant un bloc de bois grossièrement équarri, creusé de fossettes carrées et régu- lières où, selon une règle qui rappelle à la fois celle du jacquet et celle du jeu de dames, il s'agit de faire passer une série de jetons figurés par de gros haricots noirs. Dans les enclos, des dromadaires ruminent, l'air morne et absent ; sur leur bosse pelée et qui pend, des pique-bœufs sont perchés et fouillent d'un bec agile la peau farcie de larves. Au sortir du village commence l'admirable forêt de mimosas-parasols. Leurs cimes horizontales et comme stratifiées se touchent et s'emmêlent, laissent tomber une ombre diaphane sur le chemin de sable uni qui s'enfonce entre les arbres, tout jonché de fleurs roses ou blanches. Nous y faisons rencontre de deux chankallas, tête et

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