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d'aDDIS-ABEBA a DJIBOUTI 767

A quelque distance du bord, une enceinte de gros blocs entoure des ruines singulières, les restes d'une tour carrée, des murailles écroulées dont l'épaisseur étonne. Encore une fois, on me parle de ce Gragne dont mes hommes me citaient le nom hier, tandis que nous explo- rions le petit cimetière musulman enfoui dans un repli des vallons de Ménabella. Je fais interroger un vieux bon- homme assis non loin à humer l'air. Il répond qu'il ne sait rien, mais qu'il a d'excellents tetch à vendre. Il me faudra attendre le retour en France pout obtenir quelques éclaircissements sur la prodigieuse épopée de ce Moham- med Gragne dont les bandes arabes, au XVP siècle, pressurèrent l'Ethiopie jusqu'au jour où l'abattit le mous- quet d'un non moins prodigieux aventurier portugais qui, avec 400 hommes levés à Goa, à son tour conquit le pays dont le pape Paul III le fit ahouna et patriarche. — Le vieux bonhomme, cependant, qui tient à écouler sa mar- chandise, insiste pour nous mener chez lui. Nous retra- versons dans toute sa longueur la plaine que criblent les feux obliques du soleil qui décline. Au fond et bordant le versant gravi ce matin, s'échelonnent les huttes rondes du village, aux toits de chaume coiffés du gombo de terre rouge. Maigres cultures à l'entour : champs de coton de pauvre mine que la sécheresse anémie, une bourre grossière déborde des capsules mal formées ; quelques caféiers aussi dont les cerises sont d'un rouge de laque. Comme nous touchons au village, part devant moi une compagnie de francolins que mon plomb décime. Le bruit attire tous les enfants au seuil des maisons sans porte ; un instant intimidés, ils s'enhardissent, se rassemblent : je les ai tous à mes trousses au moment où je pénètre dans la hutte où

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