penchant de la falaise, au-dessus de nous, est aménagé en gradins : des blocs épais forment muraille, soutiennent de petites terrasses en pente où poussent des pois-chiches et des lentilles. Délicates centaurées entre les pierres ; des abeilles se glissent dans la longue corolle carminée des digitales. Troupeau de chèvres qui s’effare et se disperse dans le ravin, le petit garçon qui les gardait, fuit en poussant des cris. — Au sommet, on passe entre deux piliers massifs, grossièrement maçonnés, pareils à des pylônes, qui jadis, me dit-on, servaient de montants à la porte qui fermait la route du désert. Le poste est à côté, sordide amas de huttes qu’occupent une dizaine de nègres du Nil, préposés par les Abyssins à la police des caravanes. Derrière, j’entrevois les toits de chaume du village qui se presse sur la crête. A l’un d’eux, aboutit le fil télégraphique recoupé hier : accroché à sa console qui penche, l’isolateur de porcelaine blanche brille comme une perle. Sans nous attarder, nous tournons le dos au village et en contrebas, face au massif du Kassam retrouvé tout à coup, nous arrêtons pour camper.
La terre brûle quand je m’y asseois, en attendant la caravane dont les douaniers recensent soigneusement le nombre de caisses, de bêtes et de fusils. C’est ici un point de campement obligé : pas un voyageur qui n’ait fait halte à l’abri de ces maigres mimosas sans ombrage : autour du bouquet d’arbres, on aperçoit des tas de cendre, de vieilles boîtes à conserves, des bouts de papier. Le sol a l’habitude de la tente : nous n’avons pas cette fois à le débroussailler. — Devant moi, l’âpre lumière découpe avec précision le contour déchiqueté des montagnes : elles disparaissaient ce matin sous