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724 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

dans une œuvre de scène, c'est l'action, c'est la vie. " Oui, la grande, l'unique recherche d'Ibsen, c'est la vie. Non pas seulement le spectacle des gestes quotidiens et le bruit des paroles dites, mais la vie profonde et souterraine de l'âme... Enfin, pour bien mettre en garde un de ses admirateurs contre tout essai d'interprétation, il écrivait à M. Ossip-Lourié :

    • Je vous prie de vous rappeler que les pensées jetées par moi

sur le papier ne proviennent ni en forme, ni en contenu de moi-même, mais de mes personnages dramatiques qui les pro- noncent. " Parole d'un grand auteur dramatique !

Il est étrange que, même en ce pays, on ait voulu voir, en Ibsen, presque uniquement, un polémiste de théâtre, un auteur de pièces à thèse. Il n'a jamais travaillé, au contraire, en vue d'une opinion à répandre. Certes, il a abordé les problèmes les plus tragiques de la destinée ; il a posé beaucoup de questions, il a rarement apporté des solutions pratiques ; il n'a jamais fourni, au public, au quatrième acte, ces recettes magiques, qui sont d'un placement si facile. Il a laissé à d'autres l'honneur et le profit d'enfoncer les portes ouvertes de la pièce à thèse. Il s'est abstenu de rédiger ces proclamations à deux voix, si chères aux écrivains bourgeois, où l'un dit blanc tandis que l'autre s'exténue à répéter : noir, noir. Ibsen a embrassé la vie, dans sa complexité et même dans son incohérence. Il n'a pas écrit, un manuel de philosophie sous les yeux. Il a porté ses drames, personnages et idées, durant des mois ; il les a laissés vivre et évoluer, en les enrichissant de ses propres méditations et du fruit de ses veilles ; il n'est jamais intervenu, au nom d'idées personnelles. Avant de les écrire, il a assisté, déchiré lui-même et haletant, au déroulement psychologique de ses drames. "

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��Dans la Grande Revue du 10 mars, M. Sébastien Voirol consacre une étude à l'un des plus curieux représentants de la

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