Page:NRF 7.djvu/677

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHRONIQUE DE CAERDAL 67 1

masques et mascarade. Peut-être, l'ennui sans bornes de Chateaubriand s'explique-t-il par la résolution qu'il avait prise d'écrire des livres sublimes. Un homme qui, bout à bout, passe vingt ans de sa vie à combiner, à préparer et à perpétrer les vingt mille pages des Natchez^ de Vltinéraire^ du Génie, et des Martyrs, a dû souffrir toutes les tortures d'un ennui inexorable. Nous, du moins, nous pouvons échapper au tourment de les lire.

D'ailleurs, il imite toujours ; et même dans ses merveilleux Mémoires, il suit Napoléon pas à pas. Ha, je ne puis croire à un homme qui en imite un autre, jusqu'en sa vie.

Il n'est éloquence, il n'est couleur, il n'est imagination qui tienne. La fausseté finit toujours par se trahir dans le faux style. René est ridicule aussi souvent qu'il est admirable. Il abonde en allégories de carton, et en apostrophes burlesques. Matamore du sentiment, son comique est bien noir. Il dit vous à la nature, tant il est poli. 11 lui fait monologue comme à Céluta, à Ondouré, à Outougamiz et au duc des Muscogulges. Ces noms même ne sont-ils pas d'une niaiserie lugubre ? Chaque mot est affligé d'une épithète, et chaque épithète est prévue. Une vigueur incroyable soutient la pauvreté d'un style sensible à la Rousseau et à la Florian. Non, il n'y a que la pensée pour inspirer la vie à une œuvre, et pour la rendre, d'âge en âge, toujours nouvelle.

�� �