Page:NRF 7.djvu/668

Cette page n’a pas encore été corrigée

662 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

avec la fadeur qui séduit les petites colombes au couvent des Oiseaux. Sa théologie mielleuse est une politique. Plus magnifiquement il la décore de principes, et plus sa propre nature y contredit. Il découvre aux autres hommes des règles qu'il ne suit jamais. Et toute sa vie, pleine d'orgueil païen, jusqu'à la puérilité, est lavée des vertus chrétiennes qu'il vante. Il veut rétablir l'ordre royal sur l'ordre chrétien ; et, au bout du compte, il méprise les rois, et du christianisme il ne retient guère qu'une machine poétique.

C'était un petit homme assez court, nerveux et sans largeur ; une grosse tête enfoncée dans les épaules frêles, la peau tannée et trouée par la petite vérole, avec un air de hauteur. Et l'on a dit qu'il était le plus beau du monde.

Il montrait volontiers son pied, comme Lamar- tine, petit, la cheville fine, la plante arquée. Alerte en sa taille médiocre, la maigreur l'a gardé long- temps jeune et toujours élégant.

Il avait les traits naturellement gais, et il ne riait jamais en public. Entre tant d'images, toutes aussi fausses que les portraits de Goethe, j'en sais une qui paraît ressemblante, singulière pourtant. Il a quelque vingt cinq ans : le peintre ne craignait pas encore d'être vrai. Là, refrogné mais non douloureux, attentif et boudant à l'ombre de gros

�� �