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LA FÊTE AR.A.BE 6^2

beau des poèmes, rinimitable Coran. Les contes de mes chameliers, les poésies qu'ils improvisent intermina- blement en conduisant leurs bêtes suffisent à tous les besoins de mon esprit. J'accompagne les caravaniers, soit qu'ils aillent dans le Nord, acheter du blé et vendre leurs dattes, soit qu'ils se rendent dans une oasis lointaine pour y échanger les produits d'une industrie primitive. Si la tribu se déplace vers quelque endroit où la pluie est tombée pour y mener paître ses troupeaux, je la suis dans ces solitudes où règne encore la tranquillité. Un jour j'aurai ma tombe au bord d'une de ces pistes que mènent les caravanes. Au lieu de ces tristes cortèges que l'on voit dans nos cimetières, près de moi ne passeront que des chameliers vêtus de blanc ; ceux qui m'auront connu s'arrêteront pour donner un souvenir au médecin, leui* ami ; les autres continueront leur chanson de route. Et cela aussi sera bien.

��VII

��Je passai encore quelques jours à Guerrara en compa- gnie de mon ami, attendant pour regagner Laghouat le départ de quelques villageois qui se rendaient à Ghardaïa. Ce jour-là, le Docteur voulut m'accompagner. Nous fîmes ensemble la première étape, — moi sur le petit cheval qui m'avait amené, lui balancé sur un grand méhari. Le silence auquel nous obligeait la différence de nos montures, le souvenir de ses tristes prédictions et la quasi certitude que cet homme que j'allais quitter, je ne le reverrais jamais plus, donnaient à mes pensées la morne couleur de la Hammada où nous passions. Avant l'étape

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