Page:NRF 7.djvu/627

Cette page n’a pas encore été corrigée

LA FÊTE ARABE 621

main sur un papier graisseux, ou griffonnés dans le fond d'une assiette et délayés dans un peu d'eau qu'on avale. Sa bénédiction attirait sur ses amis généreux la faveur du ciel et la chance, et sur les autres l'infortune ; pour l'obtenir, les femmes dérobaient chez elles toutes sortes de denrées, fruits, beurre, œufs, café, volaille, qu'elles apportaient au saint homme dont le pouvoir surnaturel s'augmentait de tous ces ruisseaux d'argent. Les Nomades inquiets venaient-ils du fond du désert lui demander si l'année serait bonne pour leurs troupeaux, il leur répondait:

  • ' Aam Selkhane ! Année d'écorchement ! " Si l'année était

mauvaise, le marabout leur disait : " Ne vous avais-je point averti que vos moutons mourraient et que vous deviez les écorcher pour vendre leurs peaux et leur laine ? " Si au contraire l'année était bonne : "Je vous avais bien annoncé, déclarait-il gravement, que vous rempliriez de lait et de beurre les peaux écorchées de vos moutons. " Son influence sur les mères de famille lui valait la clientèle des personnages sérieux qui désiraient une fille, voire une petite fille, pour épouse ou pour maîtresse. Avec une somme raisonnable on obtenait qu'il s'arrangeât pour rencontrer, le jour même, la fille désirée ou la mère de l'enfant. Il l'envoyait chercher au besoin, lui déclarait l'avoir vue en rêve, qu'un immense bonheur l'attendait et que la journée ne finirait point que ce bonheur ne lui échût. Dans le même temps vous aviez soin d'envoyer l'entremetteuse chez l'objet de votre désir, où elle ne manquait pas d'apparaître comme la messagère du bonheur.

J'étais pour Si Aïssa un concurrent aussi redoutable à son prestige qu'à sa bovu-se, car il fallait bien reconnaître

�� �