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LA FÊTE ARABE 619

à travers les vergers où les Juifs essayaient de fuir. Les Maltais, retenus sur le pas de leurs portes par la timidité qui les gagne dès qu'il s'agit de donner ou de recevoir des coups, assistaient avec intérêt, mais sans y prendre part, au massacre de leurs rivaux en usure. Quant aux Arabes, ils s'abstinrent en dépit de leur vieille haine et de la tentation du pillage, estimant qu'à l'habitude la police ne manquerait pas de faire retomber sur eux, pour peu qu'ils s'en mêlassent, la responsabilité de ces désordres.

Pendant huit jours, un duvet neigeux, échappé aux édredons éventrés dont les Juifs aiment se couvrir, flotta au-dessus des jardins. Des bagarres se produisirent encore ça et là ; on arrêta quelques indigènes, puis le duvet des édredons finit lui-même par disparaître, et tout retomba dans le calme.

Comme il arrive dans ces grandes bagarres, il y eut plus de bruit que de mal. Une dizaine de Juifs environ demeuraient sur le carreau. Le reste fut épouvanté. Les deux fils du vieux Schloumo vendirent leurs biens à Lubrano et partirent pour Constantine. Tous ceux qui avaient quelques ressources s'éloignèrent de ces lieux, où ils ne se trouvaient plus en sûreté. Il ne resta dans l'oasis que de pauvres Youddis pouilleux, trop misérables pour quitter le pays.

Là-dessus les élections arrivèrent.

Deux partis étaient en présence : le mien, que mes adversaires appelaient par dérision le parti des " bicots " et celui des " vaillants colons " qui se réclamait à grand fracas de l'union des races latines et avait pris pour devise : l'Algérie aux Algériens! L'Algérie aux Algériens, entendez l'Algérie aux Italiens qui dominent à Constantine, aux

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