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LA FÊTE ARABE 617

Gagnons du temps, me disais-je, il n'est pas encore impos- sible qu'on s'aperçoive en France qu'il est absurde, impoli- tique, après quarante années de paix africaine, de continuer à traiter nos indigènes comme aux temps de la conquête. Ces cinq millions d'Arabes qui depuis tantôt un siècle nous fournissent des soldats sur tous les champs de bataille, ces bergers, ces agriculteurs, ces hommes de peine d'une endurance inouïe, tous ces indigènes enfin avec lesquels il nous était si facile de nous entendre pour mettre en valeur l'Algérie sans appeler à notre secours des hordes étrangères, les traiterons-nous toujours en ennemis, en parias, les maintiendrons-nous toujours dans l'abêtisse- ment, leur refuserons-nous toujours toute influence dans l'administration du pays, ne seront-ils jamais qu'un trou- peau, une population inférieure, soiunise à un code féroce, et pour laquelle nous n'aurons fait que des lois criminelles. Et puis, j'espérais encore que des colons de France viendraient à Ben Nezouh. Les deux qui s'y étaient installés réussissaient assez bien, l'un dans l'élevage du mouton, l'autre dans le commerce des dattes. Bien qu'ils eussent au plus haut degré le sentiment de leur supériorité de race, ils étaient loin de traiter l'Arabe avec la brutalité d'un Gonzalvez ou d'un Mammo. Il y a chez nous une douceur de mœurs, une compréhension aussi, qui nous attachent presque toujours l'indigène, sous quel- ques cieux que ce soit. J'espérais voir s'établir ici quelques- unes de ces familles françaises, comme il s'en est fondé de nombreuses en Algérie, et qui sont aujourd'hui l'aristo- cratie du pays, une aristocratie peu intellectuelle, c'est vrai, mais plus hardie, plus féconde que la nôtre, et d'un superbe type physique. Mais c'est en vain que j'interro-

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