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LA FÊTE ARABE 613

parents, leurs amis, demeurés au fond de leurs villages et qui n'attendaient qu'un signal pour partir. Les catastrophes qui bouleversaient leurs misérables provinces, inondations d'Andalousie, tremblements de terre de Calabre, c'étaient autant de vagues qui les jetaient comme des épaves chez nous. L'intérêt que je portais aux Arabes leur semblait un abandon, un déni de justice, une trahison envers eux ; ils me reprochaient comme un crime, un défi à la civilisa- tion, de prétendre maintenir intacte la charmante petite oasis. Et les plus dangereux n'étaient pas ceux qui arri- vaient frais émoulus de Cadix, de Port-Mahon, de La Vallette ou de Palerme ; ceux-là n'étaient encore mena- çants que par leur nombre, car ils n'avaient chez nous aucuns droits. Mais depuis plus de cinquante ans que chaque bateau qui arrive à Oran, à Alger, à Philippeville ou à Bône, débarque des émigrants sur nos rives, des milliers de ces Italiens et de ces Espagnols, dont nous redoutons l'invasion en Languedoc ou en Provence, sont devenus des Français, des Français comme vous et moi, par la naturalisation. Au physique, ils ont perdu, ou presque, leur type originel pour prendre cet air levantin, lourd, flasque, huileux, qu'on voit partout sur les rives de la Méditerranée, depuis Alicante et Carthagène jusqu'aux Echelles de Syrie. Mais si le caractère physique s'est de la sorte afïadi, ils n'ont rien perdu, je vous jure, de leur mentalité native. Pour avoir des pensées et des mœurs qui plus que celles des indigènes semblent se rapprocher des nôtres, des qualités et des vices que nous pouvons mieux définir, ils restent aussi loin de nous, aussi inassimilables au génie de notre race que les Arabes eux-mêmes. Je l'ai constaté bien souvent, les fils de ces Néo-Français sont plus

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