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QUAND LE PRINTEMPS REVIENDRA 595

Et depuis lors, dans la chambre où tu t'es endormi, la paume de tes mains tournée en dehors vers ce Midi d'où t'est venue la lumière, il flotte un insaisissable parfum qui n'est ni d'encens, ni de roses, ni d'aromates, mais de toi seul et de ton immatérielle présence résolue en un baume spiri- tuel, et pourtant sensible, et si doux ! comme tout ce qui était toi.

XXIII

Maintenant tu dors, et même en t'adressant à travers la pierre ce silencieux appel qui monte des plus secrètes profondeurs de l'âme à qui l'âme seule répond, tu ne t'éveillerais pas.

Tu dors, et quelque part, sur la terre, il y a des cloîtres en prière où toute la tranquillité du monde se confine dans un bonheur perpétué de marbre, de soleil et d'azur ; des vallées élues de Dieu, pleines d'eaux murmurantes, qui voient leurs vertes pentes inclinées descendre vers un abîme de calme et de méditation bénie ; des villages perdus où la vie coule insensible, et qui ne sont, même de près, que d'heureux toits de tuiles émergeant sur un gouffre de feuilles, et menant, chacun à l'écart de l'autre, une existence lente et retirée d'hommes et de bêtes domestiques.

Tu dors, douce clarté, et le printemps va revenir !

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