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586 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

un mois plus tôt cette année ; et toi, mon doux enfant, où es-tu ?

III

" Où es-tu, mon doux enfant ? " Ah ! plus loin que " les feuilles et les herbes vivantes ", plus loin, bien plus loin que les iris, les lis et les boules-de- neige qui croissent autour de ta tombe, et qui ne sauraient combler ta faim et ton amour que d'une nourriture corruptible et périssable !

IV

Que cette main est froide ! Hélas ! qu'elle est froide, cette petite main qui, déliée de son serment de conduire jusqu'au seuil de la vieillesse ceux-là de qui tu tenais le souffle, et qui avaient insufflé l'esprit sous ton front, a tout-à-coup laissé choir le léger fardeau de vie qu'elle avait reçu en partage.

��Mais non si froide cependant qu'elle ait pu flétrir et glacer les anémones et les narcisses dont elle froissait à peine la délicate chair, et qui, main- tenant encore, même après tant de jours, et ne respirant, pour toute brise bienfaisante, que la dure haleine du gel, gardent intactes et non ternies, leur forme et leur odorante blancheur !

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