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��NOTES

��LE POÈTE HENRI DE RÉGNIER A L'ACADÉMIE FRANC^AISE.

Le jeudi l8 janvier 191 2, M. Albert de Mun recevait à l'Académie, où le lyrisme n'était plus représenté que par MM. Aicard, Richepin et Rostand, un vrai poète, un pur poète, M. Henri de Régnier. Chacun se réjouissait d'une si noble et extraordinaire rencontre, imaginant par avance les deux discours, l'un savant, orné, chatoyant, l'autre rude, nu, héroïque. C'était l'occasion pour les deux orateurs de réhabiliter cette éloquence académique dont l'étiage s'est singulièrement abaissé de nos jours... Plus nous attendions d'eux, plus nous aurons été déçus.

On a vivement reproché à M. de Mun d'avoir malmené un poète, auquel il était tenu de montrer une considération toute particulière. Pourtant à bien peser les termes du discours, croit-on qu'il ait beaucoup forcé le ton, dont usaient jadis ses confrères vis-à-vis de l'élu, quelle que pût être la qualité de celui-ci ? Si l'Académie, depuis lors, semble avoir renoncé aux brimades traditionnelles, n'est-ce pas dans la crainte de se déconsidérer elle-même en insistant sur l'insuffisance notoire de ceux qu'elle a la bonté d'accueillir et dans le sentiment intime de sa propre indignité ? Voit-on M. Aicard brimant M. Brieux ? ou réciproquement ? L'Académie garde assez de bon sens pour nous éviter ce spectacle.

M. de Régnier, lui, avait assez de valeur, de surface, de juste orgueil, pour mériter d'être brimé. Il entrait là avec une

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