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4^4 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Sur Veau ; le ciel se mire en des prés inondés.

Et la rivière courbe et couleur d^ ailes d^ anges

S^ enjolive des jeux des légères mésanges.

On se croirait a Pàque (et c'est demain Noël)

Tant l'air est doux. Je respire une odeur de miel

Qui m'évoque d'anciens étés, des lassitudes

Exquises précédant d'exquises quiétudes.

Je sens que chaque fois que je célébrerai

La beauté d'un pareil matin je trouverai

Des mots harmonieux et des grâces nouvelles.

Sent-on comment le didactisme reprend le pas sur l'efFusion poétique ! Le voici plus caché dans ce petit morceau simple et fin :

Fent de l'est, souffle frais dont frissonnent les saules. Haleine du beau temps tout chargé des senteurs Du val oh l'herbe haute effleure mes épaules.^ Prends avec les parfums la chanson des faneurs. Descends le fil du fleuve et d'une aile légère Les portant par-delà herbages et pourpris Va trouver mes amis retenus a Paris. Trouble les longuement de l'odeur étrangère Du foin sec qu'éparpille et tasse le râteau Et soudain fais paraUre a leur vue attendrie Entre la berge claire et le sombre coteau, Scintillante au matin, l'amoureuse prairie.

Ce que nous voyons renaître ici, c'est proprement l'épître selon Horace. Je ne suis pas l'ennemi de cette poésie moyenne ; elle repose du lyrisme pur. M. André Mary me semble désigné pour lui donner le ton du siècle. Mais, renoncera-t-il à chanter

Flore, Pomone et les Amours,

à nommer son amie " m'amie ", à invoquer le " rigoureux canon — des Docteurs de la Poésie — pour asseoir l'honneur

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