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LA FETE ARABE 437

Je récompensai El Maki de quelque menue monnaie. Il s'en saisit avec avidité et me baisa la main. El Malti ! une épave, une risée, un Musulman qui gardait des cochons ! c'était là tout ce qui restait de ces Arabes qui vivaient ici depuis des siècles, dans une parfaite harmonie avec la nature et le ciel, de cette population raffinée, amie du rêve et du furieux plaisir, chez qui richesse et pauvreté étaient choses à peu près pareilles, et où même la pauvreté semblait une noblesse de plus.

Et maintenant qu'allais-je faire ? Prendre le premier train pour Alger ? C'était le plus simple et le plus sage. Mais le désir de savoir ce qui s'était passé là faisait naître en moi l'envie de pousser plus loin ma route, d'aller jusqu'à Guerrara à la recherche du Docteur. Seulement, où était Guerrara ? Par quels moyens y atteindre ? Les renseigne- ments d'El Malti étaient bien vagues, et une fois là-bas, qui m'assurait que j'y rencontrerais mon ami ?

A l'hôtel je me rendis compte des difficultés et de la fatigue que présentait ce voyage, de cinq ou six jours au moins, en diligence ou à cheval, et j'y renonçai à peu près. Mais je ne voulais pas m'éloigner de Ben Nezouh sans être allé jusqu'aux dunes plonger mes mains dans le sable et recommencer à mon tour la promenade que le Docteur avait faite autrefois, en se répétant à lui-même les strophes de l'Emir Abd El Kader.

Le lendemain, d'assez bonne heure, monté sur un mulet rétif, je descendis à travers les jardins. Mais au moment de franchir l'Oued, mon mulet s'arrêta net, devant des flaques d'eau croupie qui provenaient des abattoirs, et dont l'acre odeur de sang me prenait moi-même à la gorge. Pour le décider à avancer, j'allai cueillir une

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