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LA FÊTE ARABE 4^5

Cette nouvelle ne m'étonna pas.

En descendant à la salle à manger, j'essayai de savoir pourquoi le docteur était parti.

— Les sales bicots ont voulu l'assassiner, répondit éva- sivement le Maltais. Alors, ma foi, il a eu peur et il a quitté le pays.

Et comme je lui demandais encore où il s'en était allé, il se contenta d'ouvrir les bras, de faire la moue avec ses lèvres et d'écarquiller ses yeux rouges sous les paupières malades.

Pendant ce temps, j'apercevais derrière lui un pauvre diable rachitique, vêtu comme les autres Arabes que j'avais aperçus jusqu'à présent, d'un tricot, d'une chéchia et d'un pantalon déchiré qui montrait ses jambes étiques. Il se livrait derrière Mammo à une mimique désordonnée et semblait me faire des signes. Mais son patron, qui sans doute avait surpris sa pantomime dans la glace ébréchée qui ornait un des murs, lui allongea, sans plus d'explication, un formi- dable coup de pied, et le malheureux disparut, s'évanouit plutôt comme un songe, laissant pour toute preuve de sa réalité, une bottine à élastiques qui lui avait échappé dans sa fuite.

Je restai seul en tête à tête avec cette misérable épave et les charcuteries amollies par la chaleur que m'avait servies l'hôtelier. Comme la cour, la chambre et toute la maison, la salle oii j'étais attablé offrait l'image de cette destruction qui, s'étendant aux moindres choses, semblait plus saisissante encore dans le détail que dans l'ensemble. Les arabesques des murailles disparaissaient sous les piqûres de mouches, les banderolles de papiers gluants, les réclames pour des vermouths de Turin, des anisettes de

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