Page:NRF 7.djvu/425

Cette page n’a pas encore été corrigée

LA FÊTE ARABE 4I9

pas en un jour — , je vois se former sous mes yeux une petite élite indigène, et plus encore que des colons, c'est là ce qui manque chez nous. N'est-il pas triste de penser que ce pays qui, grâce à nous, devrait être la province musulmane la plus éclairée du monde, en est au contraire la plus barbare. Seul le Maroc offre un état plus sauvage. En Egypte, en Tunisie, dans l'Inde, même dans la des- potique Russie, on voit des Musulmans fonder des jour- naux, créer des écoles, tenir des congrès, former des associations d'assistance et témoigner partout d'une inté- ressante activité d'esprit. Ici, rien de pareil ; pas une manifestation spontanée vers la civilisation. Enfin ne perdons pas confiance. Venez, venez à Ben Nezouh : vous verrez que le pessimisme n'est pas de mise ici. Chaque fois que dans les jardins, j'entends chanter le Bou-Béchir je pense à vous ; ne faites pas mentir le proverbe qui assure que son chant présage la venue d'un ami."

Deux ou trois fois encore, le Docteur m'écrivit. Puis un billet de moi demeura sans réponse. J'écrivis de nouveau, pas de réponse encore. Des années s'écoulèrent, et me trouvant, un jour, de loisir, je ne résistai pas au désir de revoir cette Ben Nezouh qui demeurait dans ma mémoire comme vm brillant souvenir de jeunesse, et de reprendre avec le Khalife la causerie interrompue.

��IV

��Je ne m'embarquai pas cette fois sur la place du Gouvernement, devant la mer étincelante, dans une

�� �