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LA FÊTE ARABE 4I5

Peut-être eût-il été plus sage de m'embarquer dans la patache. J'aurais emporté de Toasis un souvenir enchanté qui aurait moins tenu de la réalité que du rêve. Elle serait demeurée pour moi un de ces lieux où l'imagination se repose, un de ces jardins dont le Prophète fait inlassable- ment la louange. Allah en a voulu autrement.

Aujourd'hui, me voilà maire du pays, car au milieu de tous ces changements, Ben Nezouh a cessé d'être sous le régime militaire, pour devenir, comme on dit en style ad- ministratif, commune de pleine exercice. On bâtit une gare, des villas, un hôtel. Une société s'est constituée pour créer sur la colline, au-dessus du village, une station des sables, où l'on trouvera un air infiniment plus limpide qu'au Caire ou à Héliopolis toujours encombrées par les brumes d'un pays bas et marécageux. J'ai converti sans trop de peine les actionnaires à mes idées, et je m'emploie de tout mon pouvoir à ce qu'on ne fasse rien ici qui nuise à la beauté des vergers, ou qui ne soit en harmonie avec la nature et le ciel. Je passe ma vie au milieu des architectes tunisiens et des artisans indigènes ; je les vois distribuer partout l'air et la lumière dans les maisons avec cette même habileté qu'ils déploient à dispenser l'eau dans les rigoles des jar- dins, et par un prodige dont cette race a gardé le secret, ménager avec un art infini une liunière qu'ils ont en excès et faire circuler à profusion l'air dont ce climat est avare. C'est votre ami le brodeur au geai bleu qui décore nos murailles de cette belle écritiu^e arabe plus capricieuse encore que la persane ; le lettré aux deux fleurs dans un verre lui fournit les inscriptions coraniques ; nous rece- vons d'Alger des faïences peintes à main levée par des ouvriers kabyles, et un Arabe de Kairouan fabrique pour

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