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LA FETE ARABE 4I3

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Du temps passa ; l'image de la charmante oasis n'était pas sorti de mon esprit ni le souvenir du Docteur. Je lui écrivais, de fois à autre, pour lui demander des nouvelles de l'homme à la gazelle, du brodeur au geai bleu, et si les deux fleurs du lettré étaient toujours dans leur vase. Il me répondait par des billets tout parfumés de grâce orien- tale, qui me ramenaient pour un moment, là-bas, au-dessus palmiers, sur sa haute terrasse.

Un jour j'en reçus cette lettre :

" Le sort en est jeté, Ben Nezouh va changer, en quel- ques mois, plus qu'il n'a fait en mille ans, depuis le temps lointain où les premiers Nomades quittèrent ici la tente pour la maison de boue. La construction du chemin de fer qui doit nous relier à Alger vient d'être enfin décidée. En même temps, m'est arrivée la nouvelle qu'on me donnait un troisième galon et que j'étais nommé à Dunkerque. L'idée ne me vint pas tout d'abord, je l'avoue, de refuser le poste qu'on m'ofifrait, et malgré ma tristesse d'abandonner des lieux où j'aurais pu réaliser peut-être im rêve que j'avais fait tant de fois, je me résignai au départ.

Pendant les jours qui me restaient encore à passer à Ben Nezouh, je parcourus l'oasis et ses approches comme un homme qui leur dit adieu. J'enfonçais mes mains dans le sable pour en retenir la double impression de brûlure et de fraîcheur ; j'emplissais mes yeux de la lumière des dunes ; je me redisais les strophes ardentes de l'émir Abd el Kader : " O toi qui vantes celui que passionne le séjour des villes, toi qui blâmes la vie du nomade et du désert, ne reproche pas aux tentes d'être légères, ne loue pas les

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