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4o6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ment. Il mange, il boit, il aime, il vit tout à fait à l'arabe dans une maison indigène. Vous devriez aller l'y voir.

Et s'adressant au médecin, placé à l'autre bout de la table et qui détachait avec les doigts une dernière lanière de viande à l'infortuné méchoui, dont les côtes apparais- saient maintenant comme la carcasse d'un bateau dont on a fait sauter les planches :

— Khalife ! lui cria-t-il, notre hôte a le plus grand désir de visiter votre Kasbah !

A la réponse évasive et polie, je sentis que la familiarité de mon voisin de table n'était pas du goût du docteur.

Quand le repas eut pris fin, je m'excusai près de lui de cette indiscrétion dont j'avais été cause ; j'en profitai pour lui dire de mon mieux tout ce qui m'avait enchanté dans l'oasis, et aussi mon malaise de m'y sentir si étranger, si impuissant à rien comprendre aux sentiments des indi- gènes.

Fort aimablement, cette fois, il me pria de venir chez lui, si cela pouvait m'intéresser de voir quelques tapis, des armes, et une installation primitive.

Le lendemain, conduit par un petit Arabe, surnommé El Malti, sans doute parce qu'il servait chez le maltais Mammo, je frappai à la porte d'une maison de boue qui ne se distinguait en rien des autres maisons du village.

Un domestique en burnous vint m'ouvrir, et la porte franchie, je me trouvai dans cette chambre sombre, garnie d'un simple banc pratiqué dans le mur, qui sert de vesti- bule à la maison arabe. Par un raide escalier, une échelle plutôt, je gagnai la terrasse. Le docteur m'attendait.

C'est bien une des impressions les plus saisissantes de

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