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LA FÊTE ARABE 39 I

" Eh ! bien, mon ami, m'écrivait mon correspondant lointain, vous voyez comment nos frères latins civilisent. Ce n'est pas une guerre, c'est un massacre qu'ils inaugurent à Tripoli. Et dans le Gharb et dans le RifF, les Espagnols ne font guère mieux. Quel dégoût, quelle tristesse de penser que ce sont pourtant ces gens là qui, chaque jour plus nombreux, débarquent dans notre Algérie, et déjà y font la loi. Le proverbe arabe a raison : l'Afrique du Nord n'est plus à nous ; c'est une vache que le Français maintient solidement par les cornes, tandis que l'Italien, le Maltais, l'Espagnol la traient inépuisablement. Est-ce donc pour installer chez nous quatre cent mille étrangers que nous avons dépensé des milliards et lutté cinquante ans contre la nature et contre les hommes ? Partout s'éta- blit ici, à la place de notre civilisation généreuse, la barba- rie des ruffians de la Calabre et de l'Andalousie qui, au nom de notre loi habilement exploitée, dépouillent le Français et l'indigène, comme ils dévalisaient autrefois le voyageur sur les grand'routes, une espingole à la main. Il n'y a pas vingt ans encore nous étions pour le Musul- man le type de l'Européen de race noble, à l'esprit géné- reux et guerrier. Entre toutes les nations, c'était la nôtre qu'il honorait le plus, et le dernier des Musulmans répétait que si le Français prononçait seulement la formule sainte, il entrerait au Paradis avant les musulmans eux-mêmes, car il est noble et juste. Les procédés de ces intrus, de ces Calabrias, comme les appellent les Arabes qui confondent sous le même nom et dans un même mépris tous nos fameux frères latins, sont en train de ruiner cette légende que l'Islam avait créée à notre bénéfice ; on ne nous distingue pas d'eux, on nous rend responsables de leurs

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