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23^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de bonne grâce ce qu'il pourrait commander d'un geste, la malheureuse n'a ni encre ni plume pour écrire sur le papier.

La vivacité de son esprit répara ce défaut : elle passa une partie de la nuit à piquer avec la pointe d^une aiguille^ sur du papier^ tous les caractères qui composaient cette lettre. Zelmis^ Payant mise sur un fond noir, lut fort distinctement.

Il y a dans ce passage une allure dégagée de l'invention qui fait penser aux manigances amou- reuses dont usera plus tard la Rosine du Barbier de Séville. Et j'aime la conclusion :

Cette lettre porta autant d^ amoureux traits dans le cœur de XelmiSy qu'il y avait de piqûres qui la composaient. Quil eut de plaisir à la baiser et à la tremper de ses larmes !

L'épisode est charmant. Il en est d'autres plus compliqués. Zelmis est en butte aux désirs puis aux animosités des femmes d'Achmet. Il y a un petit drame combiné par elles. Une scène m'en paraît curieuse. Un jour, Immona, qui est l'une de ces amantes que Zelmis tout à Elvire repousse, appelle Zelmis dès que le maître est sorti.

Zelmis monta (dans sa chambre) sans savoir ce quelle souhaitait de lui. Il la trouva couchée demi-nue sur un magnifique tapis de Turquie : un de ses bras lui servait d'oreiller; et Vautre nonchalamment étendu^ relevant l'extré- mité d'une ga%e noire qui lui servait de caftan^ laissait voir une partie du plus beau corps que la nature ait pris jamais plaisir de former. Qui n'eût été sensible à cette vue ?

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