Page:NRF 7.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée

324 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Nous reconnaissons certes que pour l'amateur badaud le long de sa bibliothèque, il n'est rien de plus agréable que de saisir au hasard d'une lecture telle phrase ancienne qui pourrait être le compte- rendu d'un événement actuel. Je ne prétends pas qu'il en doive tirer quelque leçon au nom de l'expérience. Je le trouverais fort ridicule de jouer les Diogène dans le tonneau, comme aussi le jugerais-je fort inutilement futile de se poser en dilettante sceptique à ironie continue. Je lui demande seulement d'être un homme qui a sa manière intelligente de prendre conscience de la vie, et je le prie de ne la point dissimuler.

Cette manière-là a un mérite à mon gré, par où notre amateur de l'humain se différencie du pur et machinal érudit : la moindre attention portée au temps et à l'espace qui ne sont que de bien ingénieux moyens de loi et de classification inven- tés par l'homme. Car ce que veut l'esprit dont je parle, c'est vivre tous les siècles à la fois en une fois qui est le temps et le lieu de sa propre vie.

Le vulgaire a naturellement sa raison quand il traite d'inutiles cet homme de cabinet et ses pareils, parce que ce sont plutôt des spectateurs, des témoins, que des acteurs. Mais une raison qui s'efforce à une plus ample synthèse remarquera que tout est dans tout, et que les qualifiés inutiles font si bien partie nécessaire de la société que l'on ne pourrait la concevoir sans eux, si du moins l'on

�� �