Heureusement, j’ai votre chambre : — Vous vous rappelez la permission que vous m’avez donnée. — J’ai emporté la moitié de vos livres ! J’ai pris le Diable à Paris. Dites-moi un peu s’il y a jamais eu quelque chose de plus idiot que les dessins de Grandville ? — J’ai Costal l’indien, j’ai la Robe de Nessus, deux romans intéressants. Puis, que vous dire ?... J’ai lu tous vos livres, tous ; il y a trois jours, je suis descendu aux Épreuves, puis aux Glaneuses, — oui, j’ai relu ce volume ! — puis ce fut tout !... Plus rien ; votre bibliothèque, ma dernière planche de salut, était épuisée !... Le Don Quichotte m’apparut ; hier j’ai passé, deux heures durant, la revue des bois de Doré : maintenant, je n’ai plus rien ! — Je vous envoie des vers ; lisez cela un matin, au soleil, comme je les ai faits : vous n’êtes plus professeur, maintenant, j’espère !... —
... [partie déchirée]... Vous aviez l’air de[1] vouloir connaître Louisa Siefert, quand je vous ai prêté ses derniers vers ; je viens de me procurer des parties de son premier volume de poésies, les Rayons perdus, 4e édition. J’ai là une pièce très émue et fort belle ; Marguerite :
- Moi j’étais à l’écart, tenant sur mes genoux
Ma petite cousine aux grands yeux bleus si doux :
C’est une ravissante enfant que Marguerite
Avec ses cheveux blonds, sa bouche si petite
Et son teint transparent...
- Moi j’étais à l’écart, tenant sur mes genoux
- ↑ Complété d’après Arthur Rimbaud – Œuvres, des Ardennes au Désert, Pocket Classiques, édition établie par Pascaline Mourier-Casile, 1990/1998, ISBN 2-266-08276-0.