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290 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sauvage entre un garçon de treize ans et ceux qui l'oppriment. C'est une leçon bien nette de lutte pour l'existence, leçon saine après tout, qui ne comporte ni aperçus prématurés sur la vie réelle, ni excès de sensiblerie, ni amertume.

A condition d'aimer les bonnes farces et le rire franc des enfants, on pouvait mettre à la scène l'histoire de M™*' Mac Miche. Il y fallait de la simplicité, de la spontanéité et de l'effacement. Personne n'était moins désigné pour une telle entreprise, que les auteurs aimablement alambiqués, recherchés et apprêtés que sont M°"^ Rosemonde Gérard et M. Maurice Rostand. Pauvres enfants ! ils rient quand même, parce que leurs souvenirs sont si vifs et leur esprit si frais qu'il suffit à leur gaieté d'apercevoir le bonnet de la mère Mac Miche ou les assiettes cassées par le bon petit diable ; mais ils sont volés, trois actes durant, et seule l'institutrice sentimentale y trouve son compte, ou la grande sœur qui ne porte plus les cheveux dans le dos. Les bonnes histoires de polissonneries et de fessées sont recouvertes, submergées par la plus fade romance d'amour. Ce n'est plus qu'un roucoulement. Depuis neuf ans je brûle, dit l'inquiétant petit garçon,

J^ adore Juliette et f adore les fées.

Charles fe t^aime, t'aime, t'aime !

Juliette

Encore, encore, encore !

Les douze gamins échappés de l'école sont devenus douze Roméos qu'encourage le poète :

Et vous avez, raison d'être tous amoureux !

Ils ne rêvent plus de noyer un matou dans la soupière ni de rouler par terre Old Nick. Ce sont de bêlants agneaux :

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