terreur ; et peut-être, au moment le plus impérieux de la haine, se jeter dans ses bras ; ou bien encore détruire, en se détruisant soi-même, ce fraternel fantôme.
Chacun de ces personnages connaît en soi tous les empêchements comme tous les vertiges, avant qu’il ne rencontre, au dehors, des attractions et des obstacles. Et le drame est un conflit de conflits. Ici l’individu ne nous est pas montré subissant, sous la pression des événements, une intérieure purgation, et s’acheminant à travers eux vers une sorte d’accomplissement esthétique.
Dostoïevski ne cherche pas son héros au sommet de l’être, à son point le plus aigu de détachement, à son faîte le plus dépouillé ; mais au plus contrarié, au plus douteux de sa vigueur.
« La descente de Dostoïevski dans les émotions inconnues tient du calcul et de la découverte. Elle est toute en pressentiments, en essais, en allusions, en prodromes… »
Dostoïevski ne résume jamais son expérience. Il la renouvelle. Son analyse ne connaît pas de terme. Elle ne tend pas vers un accord, mais entretient la division. Elle ne produit pas de « types. »
Sur la voie qui le conduit à la création, Dostoïevski n’a pour guide qu’une « sensibilité sublime. » Et c’est toujours une voie non foulée que la sienne, — ἄϐατον εἰς ἐρημίαν … D’où l’angoisse d’un pathétique toujours inexploré. Le