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poèmes
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le lierre


Lorsque la pourpre et l’or, d’arbre en arbre, festonnent
Les feuillages lassés de soleil irritant,
Sous la futaie, au ras du sol, rampe et s’étend
Le lierre humide et bleu, dans les combes d’automne.


Il s’y tapit comme une épargne, il se recueille
Au cœur de la forêt comme en un terrain clos
Laissant le froid givrer ses ondoyants îlots
Disséminés au loin sur une mer de feuilles.


Pour le passant distrait, il boude et il décline
Le régulier effort des œuvres et des jours,
Pourtant, seul sous la terre, il allonge toujours
Le tortueux réseau de ses courbes racines.


Sa force est ténébreuse et ne se montre pas :
Elle est faite de volonté tenace et sourde
Qui troue en s’y cachant, tantôt l’argile lourde,
Tantôt le sable dur, tantôt le limon gras.