2IO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
Dans SCS petits yeux gris, aucun étonnement, rien de l'enchantement émerveillé que tu attendais, mais au contraire une grimace, cette moue de dédain que fait l'acquéreur voulant déprécier un produit ! Et cette hostilité, cette appréhension qui se voient toujours dans le regard défiant de l'acquéreur ! Tout cela tu le lisais dans les yeux de William Taylor !
De ses doigts impatients, le libraire feuilletait toujours les pages ; il les froissait de ses doigts gras de maquignon âpre au gain, âpre à la vente. Oh ! toi, que tu souffrais, à ce moment-là ! Et Taylor, en lui-même, pensait que tu n'étais plus ce de Foë que tant de pamphlets avaient rendu redoutable, le conseiller du roi Guillaume, le confident de Harley ! L'on était à présent sous Sa Majesté le roi Georges. Tout cela était bien changé ; mais, tout de même, n'est-ce pas, tu étais de Foë !
Taylor, à force de tourner et tourner les pages, était parvenu aux derniers feuillets. De ses petits yeux gris, un peu clignotants et sournois, il lisait maintenant comment Robinson, en quittant le rivage de Juan Fernandez n'avait eu, vers la fin, d'autre pensée que de retourner à ses sucreries du Brésil. C'était une belle entreprise, cela, une histoire bien morale ; et, par ma foi, cela valait bien dix livres ! Taylor lentement referma les pages où c'était le meilleur, le plus pur de toi que
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