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l88 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nom, le plus flétrissant, elle se dressa, meurtrie, indignée. Elle qui, toute la vie, avait supplié, gémi, avait vécu dans l'abdication et la honte, tout d'un coup elle se montra reine. Elle n'eut de cesse, dès lors, que Sarah eût rendu la petite clef d'or de la garde-robe. Cela c'était la disgrâce. Sarah le sentait, résista, se défendit; puis, abattue, se soumit, supplia. Marlborough lui-même vint, aida sa femme à pleurer, se jeta avec elle aux pieds d'Anne. Il était trop tard ; l'autre ne connaissait plus qu'un mot, un seul : la clef l la clef ! A la fin, il fallut bien qu'ils la donnassent. Cette disgrâce éleva tout à fait Harley. C'est lui — Robert Harley — qui reçut le pouvoir des mains d'Anne et succéda à Marlborough.

Avec un protecteur de la qualité de Harley, premier ministre, grand politique et qui était venu — jusque dans Newgate — lui porter le témoi- gnage le plus noble et le plus grand d'admiration et d'amitié, de Foë était sauvé ; son avenir, celui de Suzanne, des enfants (qui tous, maintenant, étaient déjà de grands enfants) était assuré. Et lui aussi, le vieux James Foë, qui avait été boucher dans Londres, il allait pouvoir achever tranquille- ment ses jours ; il ne serait pas enterré comme une bête perdue, un chien égaré avec les pauvres ! A Newington où ils vivaient tous, il n'y eut plus, dès lors, de gens plus heureux, plus satisfaits et favorisés. Chaque année semblait être, pour eux,

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