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l86 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

V.

11 y a, dans la vie de la reine Anne, un épisode de clef qui est terrible et ne laisse pas de ressem- bler à l'histoire de la clef dans Barbe-Bleue. Depuis 1702, date de l'avènement d'Anne jusqu'à 171 1, date de la chute de Marlborough, c'est-à-dire pendant à peu près dix ans, la reine subit, avec une véritable servilité, un entier reniement de sa dignité et de ses honneurs, la domination de celle qu'elle-même appelait Freeman (l'homme libre) et qui n'était autre que l'épouse même de Churchill, duc de Marlborough.

Anne régnait sur l'Angleterre mais Sarah régnait sur Anne avec un despotisme et une autorité dont il ne fut jamais donné d'exemple. Et cela était tel que, des deux, c'était Anne la servante de Sarah, elle qui portait son ombrelle, ses gants, recevait ses

consacra, dans Caledonia, le plus beau poème (1706). Dans un pamphlet paru la même année, de Foë défendit encore avec toute l'ardeur dont il était capable les colons de la Caroline anglaise.

La chute de Robert Harley faillit amener, à cette époque, pour le poète, une nouvelle disgrâce ; mais, l'appui que miss Abigaïl Hill avait prêté au ministre auprès de la reine n'avait pas continué d'être complètement sans effet. En 171 1, après la chute de Marl- borough, Harley revint au pouvoir. De Foë demeurait, dans ce temps-là, à Newington, où, dit-on, il " jouissait d'une honnête aisance. " Délivré enfin de l'animosité de ceux qui l'avaient pour- suivi jusqu'alors, de FoC eût peut-être rencontré là le terme de tous ses maux. Mais, il écrivit de nouveaux pamphlets, s'aliéna une fois de plus l'autorité. Appréhendé comme jadis il put échapper, cette

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