Page:NRF 7.djvu/189

Cette page n’a pas encore été corrigée

DANIEL DE FOE 183

triste ! Sa pomme d'Adam lui fait au cou une saillie affreuse ; et il est long, efflanqué, comme ces gens à qui le bourreau va passer, avant le gibet, la cravate de chanvre !

Mais, mon cœur, est-ce qu'il est possible d'avoir une plus jolie figure et plus mignonne que Moll Flanders ? Et Moll, la chère voleuse, celle qui a une si douce petite flamme bleue dans le regard, des lèvres si pâles et si belles, la voilà encore ! Et elle est modeste, modeste au point qu'on ne voit pas plus aujourd'hui que jadis sa jolie gorge et sa jambe fringante. — " Ah ! Moll ! Moll î t'écries-tu malgré toi, Daniel, viendrez-vous toujours à Newgate avec les prostituées et les larrons ? Ma chère, tout de même, avec votre visage et vos jolis traits, vous pouviez aspirer à une fortune autre ! Moll ! Moll ! Songez à Anne Clarges, devenue plus tard femme de Monk et duchesse d'Albemarle. Eh bien ! elle commença de la même manière que vous, Moll ! Sa mère était installée aux Trois Gipsies d'Espagne^ à la Nouvelle Bourse. Et là, elle vendait du savon, de la poudre et des gants. Plus tard elle eut titres, couronne, châteaux, millions de livres, carrosses ; et les lords et milords lui baisaient la main. Ma chère, c'est quelque chose cela ! Vous, Moll, vous ne serez jamais qu'une prostituée et une coupeuse de bourses ; mais moi, Moll, moi qui me nomme Daniel de Foë, je suis bien ici

�� �