Page:NRF 7.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

DANIEL DE FOE 159

taverniers empressés, montreurs de merveilles, coqs claironnant avant le cockfight^ marchands de cro- quets, lard et saucisses, tout cela pressé, mêlé, se confondait en un tumulte assourdissant. Une odeur de graisse s'exhalant des fourneaux installés en plein vent, les relents du vin aigre et du gin, les flammes du punch, un bruit de gloire et de musique ajoutaient au spectacle et se mêlaient à l'air au point de le rendre irrespirable. A bout de forces, vous alliez défaillir Suzanne de Foê. Mais, de loin, Daniel avait jugé du danger. Ecartant un peu rudement les groupes, fendant la foule en hâte, paré, resplendissant, beau comme un vrai capitaine de troupes, il parut magnifique, et, d'un seul grand geste, vous saisit dans ses bras, vous arracha d'au milieu du peuple, vous, les enfants, le vieux boucher James, Barbe la vendeuse de pommes et le gagne-petit John.

Cependant, le soir, il y eut le solennel et fastueux dîner offert par les corporations de Lon- dres à Marie et à Guillaume. Ah ! le formidable banqueting-house que fut le Guildhall, ce soir-là, Daniel ! Vous y fûtes et cela était juste. Ce n'est que quand vous rentrâtes chez vous, la nuit, tous les bruits éteints et les lumières mortes, que vous vous retrouvâtes, non sans stupeur, dans le petit magasin de bonneterie de Cripplegate.

Le lendemain, à l'aube, ceux qui pénétrèrent virent accrochés au mur, dans le fond de la

�� �