Page:NRF 7.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 135

perçant les avertissait de leur erreur, et nulle parole de blâme n'aurait pu être plus éloquente que ce simple regard qui faisait rentrer sous terre le malheureux patient et glaçait d'épouvante tout le jeune auditoire. C'est alors que le maître se mettait au piano, afin, disait-il, de " faire amende honorable à l'œuvre ainsi dénaturée. "

Dans les lettres de Liszt que publie la même revue, cueillons cette phrase amusante : " Vous rencontrerez à l'Altenbourg mon fils qui au physique est déjà plus grand que moi : puisse-t- il bientôt l'être aussi au moral ! "

��Dans VArt Moderne, deux articles de M. Maurice Denis, intelligents et impartiaux. Après avoir montré ce que fut pour les impressionnistes et leurs continuateurs la " Conquête du Soleil ", M. Denis ajoute :

" Il n'est pas important de rendre ou de ne pas rendre l'éclat véritable du soleil, de lutter avec lui de luminosité ; les pigments que nous employons et qu'on eut le grand tort d'assi- miler aux couleurs du spectre ne sont que des boues colorées, qui ne restitueront jamais la grande lumière du soleil. Ce qui importe, c'est qu'un tableau constitue une harmonie de cou- leurs. La décoloration où nous entraîne fatalement la recherche de la lumière n'a-t-elle pas appauvri la peinture moderne ? Un Vénitien somptueux et sombre, avec ses mille rapports et son unité, n'est-il pas plus satisfaisant que nos tableaux pâles et acides, lesquels ne sont le plus souvent en somme qu'échan- tillonnage de tons purs avec mélange de blanc ? La peinture vénitienne ne contient-elle pas, après tout, plus de soleil que la nôtre ? Le soleil peut donner lieu aux plus riches interprétations, aux plus sombres harmonies. Et s'il est vrai que la Ronde de nuit

�� �