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1092 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

" Dans les Géorgtques Chrétiennes, dit-il, le poète s'avance pas à pas, par distiques réguliers, comme un faucheur au milieu d'une grande moisson, prenant son temps d'un coup à l'autre... "

��Pourquoi le succès des Liaisons Dangereuses a t-il rendu douteuse la mémoire de Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos, qui pourtant fut honnête homme ? M. Henri de Régnier pose cette question dans la Revue Bleue (4 mai), et, sans trop se soucier d'y répondre, évoque avec beaucoup de complaisance et d'habileté, les personnages singuliers de ce roman qu'il aime.

Voici Valmont :

" Il est jeune, il est riche, il est actif. De quoi s'occupe-t-il ? D'amour, Plus exactement de femmes. Elles sont son métier et sa gloire.

Auprès d'elles, il trouve l'emploi de ses qualités natives de hardiesse et d'habileté dont il n'a pas l'usage ailleurs...

Il connaît tous les stratagèmes, toutes les ruses et toutes les ressources. Il en a même inventé, car il se pique d'être nouveau. Il se plaint que les parents n'apprennent pas à leurs enfants les talents des filous, et qu'il ait dû faire son éducation lui-même. Voyez-le au château de M™^ de Rosemonde, comme il arrête les correspondances, fouille les secrétaires, retourne les poches, dérobe les clefs et en fait fabriquer de fausses. Il y a en lui de l'escamoteur et du voleur. Il a de d'un la dextérité, de l'autre l'audace. Il rôde la nuit dans les corridors, en déshabillé, furtif et hardi, ombre redoutable. Eres nocturne qui a pris la lampe de Psyché pour s'en faire une lanterne sourde. "

Et voici M™* de Merteuil :

" Elle subordonne ses plaisirs A sa réputation. Elle est secrète et souterraine ; aussi ses succès ne se tournent-ils pas, comme ceux de Valmont, en vanité ; ils se transforment en orgueil, si l'orgueil n'est qu'une vanité taciturne. La vanité de Valmont

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