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��LES REVUES

��Revues Françaises

Au moment où Francis Jammes publiait les chants V, VI et VII des Géorgiques Chrétiennes, " la grande œuvre de sa maturité ", M. Paul Claudel décrivait [La Vie, 7 avril] l'arrivée du poète de r Angélus dans la littérature française :

" Le caractère commun de tous les écrivains qui sont nés sur notre sol depuis la Révolution était ce que Wagner a appelé " le mécontentement de ce qui existe ". Il faut à tout prix fuir, s'échapper : dans le passé, dans l'avenir, dans l'opium, dans l'alcool, dans le vice, dans les rêves, outre-mer, outre-vie, " any where out of the world. '" L'imagination des versificateurs n'est occupée que du moyen âge, de l'Espagne, de l'Italie, de l'Inde, de la Chine, de la Lumière antique, de la Cité future. Les Concourt, Huysmans s'enferment dans d'étroits cabinets bour- rés de bibelots. On " bâille " * sa vie, on la " vomit " \ Si le romancier s'occupe du monde qui l'entoure, c'est pour le pein- dre des couleurs les plus affreuses avec une affectation de déta- chement et d'insensibilité où l'on sent la plus amère rancune. Toute l'œuvre de la civilisation est de changer au plus vite la face de la terre, de se débarrasser de ce qui existe, de dénigrer le passé et le présent au nom des rêves et du progrès.

Et miracle ! voici que dans un coin de la France il nous est né un poète parfaitement content de son sort. Il ne songe pas à s'en aller, à quitter sa terre et son foyer. Non seulement il ne

' Baudelaire.

  • Chateaubriand.

' Journal des Concourt.

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