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NOTES 103

où, sans un mot violent qui dénonce sa souffrance, sans un indécent reproche qui vienne diminuer la grandeur du rite ancestral, un mandarin trahi ordonne à l'épouse adultère de se donner la mort. Il y a là de la noblesse et même une obscure et haute poésie.

Cette note émue ne dure qu'un moment et ne devait pas durer davantage. La pièce de M. Fabre est une comédie sati- rique ; la poésie n'a le droit d'y intervenir que comme une expression suprême et hautaine de l'indignation. Elle est comme une larme furtive qu'un nouveau mouvement de colère doit essuyer. Et de même, pour que la pièce restât homogène, il fallait que nous ne prissions pas trop au sérieux le combat dans le palais assiégé. Aussi bien était-il malaisé de nous faire, si j'ose dire, " marcher ". Nous avons trop présents à l'esprit les beaux épisodes du siège des légations à Pékin ; et si l'on voulait nous montrer des hommes embusqués aux fenêtres, derrière des matelas, et tirant sur des assaillants jaunes, il y avait certains souvenirs d'un dernier acte de Partage de Midi qui risquait de nous rendre exigeants. Mais M. Emile Fabre n'a tenté de se mesurer ni avec la simple éloquence des événements historiques ni avec la majesté d'accent et la puissance lyrique de Paul Claudel. Son rôle est de traiter des sujets durs, empruntés à la vie publique, riches de conséquences pratiques, de les traiter avec force et générosité. C'est déjà s'être taillé la part belle.

J.S.

��L'ETERNEL MARI, pièce en 4 actes de MM. Savoir et Nozièrey d'après Dostoïetsiy (Théâtre Antoine).

La pièce de MM. Savoir et Nozière produit une impression complexe, où le contentement se détache mal d'une involon- taire irritation. Tout agité par la lecture du roman, l'on ren- contre une transposition dramatique si différente, on regrette

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